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  • les objets connectés ont un esprit ?

    Vous essayez d’ouvrir la porte de votre appartement. Échec. Elle reste obstinément fermée et exige : « Cinq cents, s’il vous plaît. » Vous grognez contre ce nouvel avatar de l’Internet des objets, puis sortez « un couteau en acier inoxydable du tiroir à côté de l’évier » pour démonter le verrou de la porte récalcitrante. Tandis que chute la première vis, la satanée porte vous interpelle : « Je vous poursuivrai en justice. » Et vous de répondre : « je n’ai jamais été poursuivi en justice par une porte. Mais je ne pense pas que j’en mourrai. » Simple fiction ? Bien sûr. Ce dialogue a été imaginé en 1969 par l’écrivain de science-fiction Frank Herbert dans Dune – Tome 1, . Sauf que la vision de cet auteur, dont l’une des nouvelles a donné le scénario du film Minority Report de Spielberg en 2002, serait tout à fait crédible d’ici une dizaine d’années selon le designer numérique et grand penseur de notre informatique ubiquitaire Adam Greenfield (Everyware – La révolution de l’ubimédia ) .

    La croissance des objets connectés 

    C’est en 2008 que la quantité d’objets connectés a dépassé le nombre d’êtres humains s’ébattant sur notre planète bleue. En 2013, ces machines, ces choses et leurs puces discutant entre elles et accessoirement avec nous étaient 13 milliards, et elles devraient selon Cisco atteindre les 50 milliards en 2020. C’est cet « à venir » que tente de décrypter le tout dernier rapport de l’Institut de recherche Pew sur l’Internet des objets à l’horizon 2025. Il ne détaille guère le dialogue à quatre entre la cyber ménagère débordée, la passoire connectée, la nouille elle aussi branchée et l’ordinateur central de la cuisine. Mais il souligne en revanche bien des aspects aussi flippants que jubilatoires d’un futur hollywoodien plein de pustules « intelligentes », de senseurs de mouvement, de capteurs d’infos et de systèmes biométriques ou à reconnaissance vocale se nichant partout, de la table du restaurant au col de chemise, de l’entrée du bureau au collier du chihuahua, et de la fausse cigarette à vapoter au volant de la voiture sans chauffeur.

    Comme le dit Hal Varian, ponte de Google sur ce sujet fantasmatique, « nous parlerons aux objets à peu près de la même façon qu’avec d’autres personnes »… Par la voix donc, sur le modèle du « Ok Glass » que les adeptes lancent à leur Google Glass pour qu’elles leur obéissent, mais en bien plus sophistiqué ! Car selon Hal Varian, « Il y a des siècles, les riches avaient des serviteurs, et dans le futur nous aurons tous des cyber serviteurs. »



    Mais ces objets seront-il vraiment nos fidèles serviteurs ?

    Pas sûr. A en croire Dominique Lestel, philosophe de « l’animalisation » de notre nouveau monde technologique, on passe en effet « d'un rapport maître esclave, que l'on peut avoir avec des objets aussi simples qu'un grille-pain ou un poste de radio, à un rapport où l'on va devoir négocier quelque chose. » Mais négocier quoi ? Car ce que nous cache l’ami des objets connectés Hal Varian, mais que révèle une lettre de Google au gendarme de la bourse américaine, c’est que « d’ici à quelques années, nous et d’autres entreprises pourrions fournir des publicités et d’autres contenus sur des réfrigérateurs, des tableaux de bords de voitures, des thermostats, des lunettes et des montres pour ne citer que quelques possibilités. »

    Est-ce à dire que nos objets du quotidien, plutôt que de devenir nos humbles esclaves numériques, seront des espions à la solde de multinationales comme Google ? D’affreux vendeurs de pacotilles comme les affiches télépathiques de Minority Report ? Ou des portes avides de dollars comme celle empêchant l’anti héros de l’écrivain Philip K. Dick de rentrer tranquillement chez lui ? Méfiez-vous des objets trop bavards qui ne veulent que votre bien. Ils ont une voix d’ange cybernétique, mais ont-ils une âme ?